Battre le fer tant qu'il est chaud
Avant l'adoption de la Loi sur les mines par le Québec, en 1987, et de la Mining Act (en anglais seulement) par Terre-Neuve-et-Labrador, en 1999, rien n'obligeait les sociétés minières à restaurer les sites qu'elles exploitaient dans ces provinces.
Partout au pays, des mines abandonnées révèlent un paysage désolé de roc et de résidus miniers variés, susceptibles d'engendrer des problèmes environnementaux dont la contamination de l'eau de surface, laquelle, si l'on n'y remédie pas, pose un grand risque notamment pour la vie aquatique.
C'est pourquoi, depuis près de 3 ans, la Tata Steel Minerals of Canada (TSMC) finance des projets de recherche qui visent à la restauration des sites qu'elle exploite au nord de Schefferville, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador. Ces projets sont réalisés avec le support des universités Laval et McGill, de l'industrie, des communautés locales des Premières Nations et du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Charles Greer (Ph.D.) et Didier Barré (Géo. P., M.Sc.) du Centre de recherche sur l'énergie, les mines et l'environnement du CNRC travaillent avec ces groupes afin de restaurer et reverdir les anciens sites miniers.
Les communautés locales des Premières Nations Innu et Naskapi accompagnent également ces organisations, suivant de près l'évolution des travaux de restauration.
Déterrer des réponses
La végétation du secteur, associée à la zone boréale, est relativement éparse et elle se compose de mousses, d'éricacées, d'aulnes et de saules avec quelques d'épinettes, typique du domaine de la pessière à lichens poussant sur les dépôts glaciaires (photographie de TSMC).
Dans un premier temps, M. Barré, géomorphologue de profession et spécialiste des régions nordiques, caractérise la nature des sols sur lesquels les plantes devront croître. Pour cela, il identifie la nature des composantes (notamment la granulométrie du sol indigène et des haldes de résidus miniers leur minéralogie et géochimie, leur teneur en matière organique et leur toxicité), il consulte les études pédologiques existantes ainsi que les inventaires des plantes poussant naturellement dans la région.
Malheureusement, la pauvreté des sols, le froid, le vent et la topographie limitent considérablement la croissance et la survie des végétaux.
À partir des résultats obtenus, M. Barré travaille à la préparation d'ajouts à partir des ressources locales, dont du biocharbon, qui serviront à enrichir les sols. Ces ajouts permettront de contenir une humidité des sols tout en fournissant une source de carbone, dont les stériles miniers sont dépourvus. Le mélange nutritif sera ajouté au sol perturbé et aux résidus rocheux du site de la TSMC en vue de leur fournir les propriétés propices à la croissance végétale.
Une végétation clairsemée, où dominent les aulnes, les saules et quelques épinettes, colonise le dépôt de stériles d'une mine de fer (photographie de TSMC).
C'est ici qu'entrent en jeu les connaissances en biodégradation et biorestauration/phytoremédiation des polluants environnementaux, en microbiologie et en génomique de M. Greer. Le chercheur s'est penché sur les relations que les plantes pionnières (les premières à coloniser un sol appauvri) et d'autres végétaux poussant près de Schefferville entretiennent avec les microorganismes (champignons et bactéries). Les bactéries protègent, renforcent ou affaiblissent les plantes. Il fallait donc déterminer celles qui, dans les racines, aideront les plantes à s'épanouir.
« Lorsque l'on creuse le sol et en extrait les minéraux, il ne reste que du roc stérile, note M. Greer. Le sol résiduel est si pauvre que les plantes ont du mal à s'y établir. Nous nous efforçons d'amener des végétaux à coloniser ce matériau afin que la qualité du sol s'améliore peu à peu. Une fois le processus enclenché, d'autres organismes s'ajouteront et prendront racine dans cet habitat. »
La vie suit son cours
En vue de la fermeture du site minier de TSMC, la restauration et la végétalisation des sites pourra débuter dès que l'extraction des minerais de fer aura pris fin. Dans cette optique, la société fera appel à des entreprises spécialisées en restauration environnementale, qui participeront à la restauration du site et qui surveilleront la croissance et la survie des plantes. Ce volet des activités propose une formule gagnante pour le reverdissement des lieux afin que les plantes puissent reprendre possession du terrain et que celui-ci retrouve son aspect initial de la forêt boréale.
« Collaborer avec des organisations comme le Conseil national de recherches du Canada aidera TSMC à aller au-delà des exigences de la loi, à approfondir ses connaissances de l'environnement dans lequel elle opère », a souligné Mariana Trindade, gestionnaire des questions environnementales de TSMC.
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