Une pelletée de sol neuf dans le Nord canadien

- Ottawa, Ontario

Solutions de remédiation avant-gardistes pour un avenir plus vert

Dans un monde où tout, ou presque, tourne grâce aux combustibles fossiles, une fuite de carburant ou un déversement accidentel de pétrole peut avoir des conséquences dramatiques sur l'économie et l'environnement des communautés éloignées. D'autre part, si les technologies permettant de corriger de telles situations ont progressé au fil des ans, leur déploiement dans le Nord canadien soulève toujours d'énormes difficultés.

En 2006, la station des Forces canadiennes (SFC) Alert – établissement peuplé à l'année le plus au nord de la planète – a été confrontée à un grave problème de déversement quand une conduite s'est rompue, laissant 22 000 litres de carburant diesel s'infiltrer dans le sol. Avec la chute imminente du mercure sous le point de congélation et l'arrivée d'un hiver aussi « rude que meurtrier », il était impératif de trouver sans délai une solution innovatrice pour nettoyer le dégât.

Fort de dix années d'expérience commune dans l'élaboration de solutions de remédiation, le ministère de la Défense nationale (MDN) a aussitôt sollicité l'aide du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) afin de mettre en valeur de la collaboration en recherche.

Aider la nature à faire le sale boulot

La concentration de carburant dans le sol dépassait 2 000 parties par million (ppm) – près de 800 fois plus que les 260 ppm tolérées par la réglementation fédérale. C'est pourquoi le CNRC a opté pour une technique baptisée « biorestauration ». Cette technique fait appel aux microorganismes naturellement présents dans le sol pour décomposer le carburant diesel en substances non toxiques, ou qui le sont moins. Bien que plus lente que d'autres méthodes, la biorestauration a l'avantage de moins perturber l'environnement et de n'utiliser que les ressources disponibles sur les lieux.

Selon David Juck, agent de recherche au portefeuille Énergie, mines et environnement du CNRC, il s'agit d'un « processus tout à fait naturel qui consiste à n'ajouter au sol que ce qui lui manque. Dans ce cas particulier, nous y avons mélangé des éléments nutritifs (du phosphore et de l'azote) et de l'oxygène, ce qui a permis aux microorganismes vivant dans la terre de décomposer beaucoup plus d'hydrocarbures. »

Six ans plus tard – et malgré les conditions rigoureuses propres à l'Arctique, qui limitent la période de traitement aux deux mois d'été durant lesquels la température grimpe au-dessus de zéro –, l'ingéniosité et la patience ont porté fruit, puisque la concentration de carburant dans le sol pollué est tombée à une moyenne acceptable, inférieure à 260 ppm.

Des solutions adaptées au Nord

En misant sur la biorestauration, le MDN a atteint son but tout en épargnant des millions de dollars aux contribuables. « Notre mission consiste à dépolluer les sites contaminés et celle du CNRC, à mettre au point des technologies utiles pour l'industrie canadienne », explique Drew Craig, chef du service environnemental à la 8e Escadre de la base des Forces canadiennes de Trenton. « Nous savions que le CNRC relèverait le défi et parviendrait à des résultats à un coût raisonnable. »

Le carburant diesel demeurant la principale source d'énergie dans le Nord, les déversements accidentels de taille variée ne sont pas rares, et l'on aura encore besoin de solutions de remédiation, car de nombreux sites – mines, ports, villages et villes – courent eux aussi des risques de contamination similaires. « Les techniques de biorestauration mises au point par le CNRC auront certainement un impact positif et durable sur le Nord », prédit M. Juck.

En perfectionnant les méthodes de biorestauration qui donnent de bons résultats, comme celle déployée à la SFC Alert, non seulement aidera-t-on les collectivités nordiques à économiser des millions de dollars en frais de dépollution, mais on protègera aussi la nature et préservera la qualité de vie de la population, preuve que les organismes, même les plus petits, peuvent accomplir un travail de titan.

Liens connexes

Contactez-nous

Relations avec les médias, Conseil national de recherches du Canada
1-855-282-1637 (sans frais, au Canada seulement)
1-613-991-1431 (ailleurs en Amérique du Nord)
001-613-991-1431 (à l'étranger)
media@nrc-cnrc.gc.ca
Suivez-nous sur Twitter : @CNRC_NRC