La navigation à travers une course à obstacles naturelle

- Shippagan Gully, Nouveau-Brunswick

Garantir un passage sécuritaire aux bateaux de pêche acadiens

Le goulet de Shippagan, au nord-est du Nouveau-Brunswick, relie directement les eaux libres du golfe du Saint-Laurent aux ports commerciaux de la baie des Chaleurs. Quand la saison bat son plein, au-delà de 15 000 tonnes de poissons et de fruits de mer pêchés dans le golfe transitent vers l'intérieur pour y être transformées puis vendues. Il en résulte chaque année des revenus de 30 à 50 millions de dollars, source d'emplois et d'autres retombées pour l'économie locale.

Bien que sa traversée constitue la voie la plus directe, de nombreux capitaines évitent le goulet, préférant contourner la péninsule acadienne jusqu'au lieu où ils débarqueront leurs prises. Ce qu'ils redoutent? Un cocktail de vents violents, de mer démontée, de forts courants de marée et de bancs de sable qui étranglent le passage et en élèvent le fond, le rendant trop dangereux pour la navigation.

Sachant l'importance du goulet de Shippagan pour l'économie, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a lancé un projet visant à établir la meilleure façon d'améliorer les conditions de navigation dans le chenal. Avant d'entamer la construction de la moindre infrastructure cependant, il tenait à évaluer les répercussions des nouveaux ouvrages sur la houle et les courants. Cherchant de l'aide, le ministère s'est tourné vers les ingénieurs de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC), les chercheurs de l'Université d'Ottawa et les spécialistes du Conseil national de recherches du Canada (CNRC).

De nouvelles eaux pour canaliser la réussite

« Lancer un projet dans un environnement côtier aussi complexe exigeait une équipe solide d'ingénieurs côtiers de talent », affirme Alain Drouin, ingénieur côtier à TPSGC. Celui-ci savait qu'avec des experts au savoir et aux compétences de calibre mondial maîtrisant les outils de modélisation numérique, le CNRC arriverait à simuler et à prévoir la performance des diverses solutions envisagées.

Des digues ont déjà été aménagées à l'entrée du canal, dans le passé. On espérait ainsi calmer la houle, bloquer le sable et protéger les bateaux qui l'empruntaient. Malheureusement, le battage incessant des vagues les a détériorées au fil des ans, si bien que le goulet est désormais moins à l'abri des éléments. Puisqu'un navire effectue en moyenne 40 voyages durant la saison, le carburant et le temps supplémentaires qu'exige le détour – six heures de navigation environ, à chaque passage – exercent un impact considérable sur les profits et la productivité des marins.

Afin d'analyser et d'évaluer de nouvelles options, l'équipe d'ingénieurs côtiers et de scientifiques du CNRC s'est fortement fiée à CMS Wave et à CMS Flow, deux logiciels de modélisation conçus pour reproduire les phénomènes dynamiques qui façonnent la côte dans les goulets de marée comme celui de Shippagan. « Les modèles nous procurent l'information requise pour déterminer comment chaque solution éventuelle pourrait modifier les mouvements de l'eau et des sédiments lors des tempêtes et à longue échéance », explique Andrew Cornett, chef du programme Infrastructure marine, énergie et ressources hydriques du CNRC.

Mer calme à l'avant

Après avoir consulté les intervenants, le CNRC a modélisé une vingtaine de solutions afin d'en préciser les avantages et les inconvénients, notamment le dragage du canal pour en retirer le sable qui s'y est accumulé et l'érection d'un mur de soutènement ou d'une jetée extérieure pour briser les vagues et pacifier les courants provoqués par la marée et la houle. « Le choix du CNRC pour effectuer cette recherche appliquée était tout naturel, estime M. Drouin, car son expertise, à laquelle s'ajoutent des outils et un équipement sophistiqués, ne peut qu'aboutir à la solution optimale. »

D'après les résultats des recherches, le MPO a décidé d'agrandir le canal pour de bon en l'approfondissant et en l'élargissant. Il bâtira aussi une nouvelle jetée extérieure de 150 mètres qui contrera l'action des vagues, détournera les courants dus à la houle le long du rivage et empêchera les sédiments d'ensabler le chenal. Une fois appliquées, ces aménagements se traduiront par une navigation plus facile et plus sécuritaire pour les navires qui traversent le goulet de Shippagan. Les travaux devraient débuter dans quelques années.

« Il s'agit d'une bonne solution et elle aura un impact majeur sur l'économie locale », conclut M. Drouin. « Le cours d'eau étant plus sûr, il attirera plus de bateaux de pêche et en plus de favoriser le tourisme. » Et avec la disparition de ces obstacles, les flottilles enregistreront bientôt de meilleurs bénéfices.

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