L'exploration sous-marine atteint de nouvelles profondeurs : Deep Trekker survole le toit du monde, sous les vagues

- Ayr, Ontario

Sam Macdonald, présidente de Deep Trekker

Pour le commun des mortels, lorsqu'un projet « tombe à l'eau », c'est que l'on y renonce, mais pour Deep Trekker, entreprise de Kitchener (Ontario), l'expression prend un sens nettement plus littéral.

En effet, depuis 2010, les robustes véhicules sous-marins téléguidés (VST), novateurs et portatifs, qu'elle fabrique ont contribué à résoudre une foule de problèmes environnementaux et industriels dans un grand nombre de secteurs d'activité, que ce soit l'armée, les opérations de recherche et de sauvetage, l'énergie, le trafic maritime ou les sciences océaniques.

Ainsi, la technologie mise au point par l'entreprise a servi aux expéditions de recherche et d'exploration sous‑marines sur d'anciens bâtiments qui ont fait naufrage, dont l'USS Arizona, à Pearl Harbor, le HMS Erebus (l'expédition Franklin), dans l'Arctique canadien, et la baleinière Nova Zembla, au large de l'île de Baffin. Richard Branson lui‑même connaît bien Deep Trekker puisqu'en 2018, l'entreprise s'est alliée au fondateur du groupe Virgin pour sonder l'un des plus grands cénotes marins de la planète : le Grand Trou bleu du Belize.

Depuis plus de 7 ans, le Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI CNRC) accompagne Deep Trekker dans la croissance et l'évolution de ce que l'on peut appeler une brillante réussite canadienne.

Éclosion d'une relation

VST Revolution de Deep Trekker
Le « VST Revolution » de Deep Trekker est conçu pour résister aux pires conditions sous‑marines.

Deep Trekker a pris contact avec le PARI CNRC pour la première fois en 2013, sollicitant son appui afin de mettre au point un modèle plus moderne, aux fonctionnalités plus nombreuses, de son produit phare de l'époque, le DTG2.

L'entreprise avait noté le besoin grandissant de VST dans l'industrie et une hausse de la demande pour des appareils plus polyvalents, en mesure de fonctionner à de plus grandes profondeurs, de lutter contre des courants plus puissants et de transporter une charge plus lourde.

Parce qu'elle avait déjà travaillé en robotisation et automatisation d'usines, Sam Macdonald, fondatrice et présidente de Deep Trekker, avait eu vent du PARI CNRC.

« Nous savions que créer le "grand frère" de notre produit serait un projet passablement ambitieux. Pour en accélérer cette démarche, j'ai demandé autour de moi si le PARI CNRC existait encore, et c'était bien le cas », raconte‑t‑elle.

Lorsque l'entreprise a rencontré pour la première fois Yves Richard, conseiller en technologie industrielle (CTI) du PARI CNRC, l'idée était d'examiner les plans concernant l'élaboration du nouveau produit. Grâce aux conseils de M. Richard et au soutien financier du PARI CNRC, Deep Trekker a pu développer puis mettre en marché son DTX2 en 2014. Depuis, ce VST de la prochaine génération est devenu l'un des fleurons de l'entreprise.

L'année suivante, le PARI CNRC a aussi appuyé Deep Trekker pour l'aider à redessiner la commande manuelle de son VST. À ce moment, l'appareil ne pouvait être guidé qu'à partir d'une embarcation ou d'un quai, au‑dessus de la surface. Puis, la Marine britannique a défié l'entreprise de créer un boîtier de commande plus résistant, qu'un plongeur pourrait utiliser sous l'eau pour guider l'appareil. Face au succès remporté par ce projet, l'entreprise a compris que de nouveaux débouchés s'offraient à elles dans les applications de plongée pour la défense et l'industrie.

Innover continuellement

Plus récemment, le PARI CNRC a aidé Deep Trekker à mettre au point son « pont de commandement », une plateforme de communication qui établit le lien entre le système de commande et le robot, ce qui a porté sa gamme de produits à la fine pointe de la technologie offerte sur le marché.

« Notre entreprise s'est constituée en société en 2010. Les plateformes ont considérablement évolué depuis. Grâce au PARI CNRC, nous avons pu engager quelques jeunes diplômés pour renforcer notre équipe de R‑D et revoir de A à Z notre plateforme de communication afin de la moderniser », reprend Mme Macdonald. Les diplômés qui nous ont épaulés dans ces projets ont largement concouru à l'expansion de l'entreprise.

Aux dires de Mme Macdonald, les robots de Deep Trekker sont si simples que n'importe qui peut s'en servir : il suffit d'en mettre un à l'eau pour qu'on dispose d'un drone sous‑marin. « Lorsque l'on fabrique quelque chose d'aussi simple en apparence, inévitablement, les clients en veulent plus, explique‑t‑elle. On a commencé par nous demander d'y ajouter un sonar, afin d'obtenir de meilleures images quand la visibilité est réduite. Et puisque les GPS fonctionnent mal sous l'eau, pourquoi ne pas y intégrer un dispositif à base ultracourte, le système de localisation sous‑marin? »

En 2019, l'entreprise a doté son appareil de capteurs évolués et en a accru l'autonomie. Ainsi, la nouvelle plateforme intelligente de Deep Trekker comprend désormais divers capteurs qui obligent le robot à s'arrêter, si jamais quelqu'un lâchait la commande.

« L'entreprise innove constamment. Chaque fois que je visite l'usine et le laboratoire, je découvre quelque chose de neuf », affirme David Heit, conseiller en technologie industrielle du PARI CNRC, qui collabore avec l'entreprise depuis 2017. « Parfois il s'agit d'un autre robot, à d'autres occasions, d'un nouvel accessoire comme un puissant pulvérisateur. Le but ultime cependant est de rehausser l'expérience de l'utilisateur, d'obtenir des images plus nettes et plus précises, de mieux transmettre les données ou d'atteindre une autonomie supérieure. »

Des services consultatifs qui font prospérer l'entreprise

Financement mis à part, Deep Trekker a bénéficié énormément du savoir‑faire et des conseils que lui a prodigués le PARI CNRC et qui sont la pierre angulaire du programme.

« David, notre CTI, en sait beaucoup. Il possède une formidable expérience dans de nombreuses industries. Il nous a guidés en nous indiquant ce qui résonnera le mieux sur différents marchés », reprend Mme Macdonald. « Il compte aussi de nombreuses relations. Il nous a présentés chez Exportation et développement Canada, au Service des délégués commerciaux du Canada et à des clients en puissance. »

Suivant les conseils de M. Heit, l'entreprise envisage maintenant d'exploiter les données scientifiques recueillies par ses robots sous‑marins pour créer une nouvelle source de revenus. « Ce n'est pas coulé dans le béton », avoue Mme Macdonald, « mais, oui, en plus de fabriquer des robots supérieurement intelligents et autonomes, nous songeons à mettre les données à la disposition de nos clients afin qu'ils les exploitent de diverses manières. »

Pour M. Heit, les services consultatifs que fournit le PARI CNRC sont aussi précieux que ses subventions.

« La plupart des entreprises entendent parler du PARI CNRC ou entrent en contact avec lui à cause du financement, mais une fois que relation est nouée, elles comprennent que ses CTI cumulent des dizaines d'années d'expérience dans une foule d'industries, parfois même de multinationales, dit‑il. Le CTI cerne bien les tendances et sait ce qu'est l'innovation. Il peut identifier de nouveaux débouchés et des marchés en croissance, ou encore recommander d'autres sources de revenus. »

Vers de nouveaux débouchés

Si Deep Trekker a évolué, il en est de même pour les demandes de ses clients.

« Ils imaginent toujours de nouvelles applications pour la technologie », reprend M. Heit. « Nous en avons déduit que Deep Trekker a pris pied sur un marché en plein essor. Au fil des ans, l'entreprise a considérablement diversifié sa clientèle. »

Un nouveau débouché est le Chili, où l'entreprise a récemment ouvert une filiale.

Avec l'appauvrissement des bancs de poissons dans l'océan, le Chili est devenu un acteur majeur au niveau de la pisciculture dans le monde. La technologie de Deep Trekker servira à la surveillance, pour que les otaries et d'autres formes de vie marine n'endommagent pas les filets, ne s'y empêtrent pas ou ne volent pas les poissons.

« Nous avons inauguré une filiale au Chili en raison du vif marché qu'est l'aquaculture. Les salmoniculteurs adoptent de nombreuses technologies pour parvenir à la pérennité sur le plan environnemental », indique Mme Macdonald. « Avoir pignon sur rue au Chili nous rapprochera de cette clientèle et nous permettra de définir les prochaines technologies dont la pisciculture aura besoin. »

Une véritable force dans le monde

Lorsque Deep Trekker a entrepris sa relation avec le PARI CNRC en 2013, l'entreprise était déjà florissante. Aujourd'hui, cependant, elle est devenue une force avec laquelle il faut compter sur le globe.

« Lorsque nous avons lancé le premier projet avec le PARI CNRC, nous étions installés dans 5 ou 6 pays et comptions une dizaine d'employés », poursuit Mme Macdonald. « À l'heure actuelle, nous sommes présents dans au‑delà de 90 pays, nos produits desservent 9 secteurs industriels et 68 personnes travaillent pour nous. »

Rien que l'an dernier, l'entreprise a grossi d'environ 40% et enregistré un chiffre d'affaires de 14 millions de dollars.

« Chaque fois que nous avons voulu perfectionner notre technologie, le PARI CNRC ne nous a pas seulement permis d'accélérer les choses, il nous a aidés à devancer la concurrence et à rester à la tête du marché. Nous ne nous serions jamais rendus aussi loin sans l'assistance du programme. »

Sam Macdonald, présidente, Deep Trekker

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