L'aquaculture représente désormais environ 50 % de l'approvisionnement mondial en poissons et en fruits de mer et continue de croître (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture [FAO] 2020). Au Canada, les 10 provinces et 1 territoire pratiquent l'aquaculture, activité qui regroupe la reproduction, l'élevage (ou la culture) et la récolte de poissons, de mollusques, de crustacés et de plantes aquatiques. Bref, un type d'agriculture qui se fait dans l'eau.
En plus de procurer aux Canadiennes et Canadiens et au reste de la population mondiale une part importante de leurs poissons et fruits de mer, l'aquaculture injecte annuellement au-delà de 3 milliards de dollars dans l'économie nationale et assure un emploi de qualité à plus de 15 000 personnes, souvent dans des régions rurales. Depuis quelques décennies, les salmoniculteurs ont largement remplacé la farine et l'huile de poisson (ingrédients de première génération) par des dérivés de plantes terrestres (ingrédients de deuxième génération). Malheureusement, ceux-ci coûtent de plus en plus cher, n'apportent pas au saumon tous les éléments nutritifs dont il a besoin et pourraient eux aussi soulever des difficultés sur le plan de la pérennité.
En collaboration avec DeNova, le Center for Aquaculture Technologies Canada et l'Université Dalhousie, des chercheurs du Centre de recherche en développement des cultures et des ressources aquatiques du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) poursuivent des travaux en vue de mettre au point des aliments plus durables pour l'élevage des saumons. Le projet baptisé « protéines durables pour l'aquaculture » s'inscrit dans le Programme Océans du CNRC, qui appuie la supergrappe canadienne de l'économie océanique. Grâce à lui, les provinces de l'Atlantique se retrouveront à l'avant-scène de l'industrie des protéines de remplacement et des protéines durables, on assistera à une réduction des émissions dangereuses de gaz à effet de serre (GES) et la part de l'économie canadienne qui vient des océans croîtra de façon durable.
Travailler sous l'eau
DeNova a mis au point des technologies déployables pour cultiver des unicellulaires non modifiés génétiquement et en extraire des protéines qui enrichiront les aliments utilisés en aquaculture. Ces protéines viennent de bactéries méthylotrophiques présentes dans la nature, que l'on cultive dans des cuves de fermentation de taille variable et qui se nourrissent des déchets industriels générés sous forme de GES. La farine très protéinée, de haute qualité, qui en dérive présente un incroyable potentiel comme ingrédient de la prochaine génération pour nourrir les saumons d'élevage, car son coût est abordable et durable sur le plan de l'environnement.
Depuis 4 ans, l'équipe du CNRC spécialisée en nutrition aquicole a procédé à des analyses qui ont permis d'établir la valeur nutritive de la farine de protéines d'organismes unicellulaires (POU) que l'on pourrait ajouter à la nourriture des salmonidés. Le nouveau projet se veut le prolongement de ces études en nutrition.
Dans cette optique, l'équipe a formulé une ration expérimentale constituée d'une petite quantité de farine de poisson et d'une quantité variable de POU, pour remplacer partiellement ou entièrement la protéine de soja. Ensuite, elle a fabriqué la ration et l'a évaluée. Au cours de l'étude de 6 mois qui a suivi, de jeunes saumons de l'Atlantique élevés dans de l'eau de mer ont reçu la nouvelle ration, ce qui a permis d'en évaluer les effets sur la quantité de nourriture consommée, la croissance, l'assimilation des nutriments, la santé générale des poissons, leur santé intestinale et la qualité du produit final à la consommation. La plus grande part du travail en sciences nutritionnelles s'est faite en collaboration avec des partenaires externes, dans les 2 installations du CNRC situées à Ketch Harbour, en Nouvelle-Écosse — le laboratoire de biochimie nutritionnelle doté d'une installation de culture des microalgues et le laboratoire de fabrication d'aliments à l'échelle pilote aménagé dans l'Installation de production d'aliments pour animaux.
Au-delà de l'horizon bleu
« Il y a un peu plus de 4 ans, DeNova m'a approché pour savoir si les technologies de l'entreprise pourraient servir à trouver une solution canadienne au problème que la durabilité des aliments pose à la salmoniculture, raconte Sean Tibbetts, agent de recherche au Centre de recherche en développement des cultures et des ressources aquatiques. Au fil des ans, nous avons caractérisé de façon approfondie de nombreux produits conçus par DeNova afin d'en déterminer les constituants immédiats, mais aussi d'en établir le profil des acides aminés et des acides gras, la concentration des éléments, la teneur en caroténoïdes et la digestibilité in vitro. »
Sean et les autres membres de son équipe ont piloté des études sur l'engraissement des poissons en vue d'établir le coefficient de digestibilité apparente propre à l'espèce des nutriments immédiats et des acides aminés essentiels que renferment les produits fabriqués par DeNova et les aliments de composition inédite qui en dérivent. Ils ont aussi entrepris des études de plus longue haleine sur l'alimentation des poissons pour savoir si les produits de l'entreprise pourraient devenir une bonne source de protéines alimentaires et remplacer les ingrédients usuels tirés des plantes marines ou terrestres dans le régime des saumons de l'Atlantique élevés en eau douce (alevins) ou salée (saumoneaux).
« Le travail réalisé avec Sean et les membres de l'équipe du CNRC a compté pour beaucoup dans l'expansion de DeNova et la commercialisation de sa protéine durable de remplacement, affirme Brianna Stratton, présidente de l'entreprise. Grâce à son leadership, à sa connaissance de la nutrition des poissons et à son approche rigoureuse en recherche, Sean nous a procuré des données précieuses à partir desquelles nous avons pu soumettre les demandes requises par la réglementation, nouer des liens avec la clientèle et séduire des investisseurs. Nous espérons poursuivre le travail avec le CNRC afin de créer une protéine de remplacement qui concourra à préserver la planète et rendra l'aquaculture moins dommageable pour l'environnement. »
Ce tout nouvel ingrédient alimentaire de troisième génération, d'une grande qualité, peut être fabriqué localement au pays grâce à une méthode qui réduit les émissions de GES. DeNova a l'intention de pousser le projet plus loin en procédant à des essais scientifiques complémentaires sur le saumon de l'Atlantique et d'autres espèces, et ce, dans l'espoir de faciliter le développement de produits qui incorporent la nouvelle protéine de remplacement et d'ainsi élargir ce créneau du marché.
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