Un modèle informatique de pointe facilite le partage des eaux
Pour empêcher les eaux de fonte printanières du Dakota du Nord de se déverser au Canada, les agriculteurs manitobains du bassin de la rivière Pembina ont érigé une digue de 29 km, à 10 mètres à peine au nord de la frontière. Bâti dans les années 1940, l'ouvrage a bel et bien freiné les inondations en sol canadien, cependant ce sont les terres arables américaines qui subissent désormais les méfaits de la crue.
Pour y échapper, les cultivateurs des États-Unis ont multiplié conduites et chenaux dans l'espoir que ceux-ci détourneraient les eaux. Malheureusement, bien qu'ils aient remporté un certain succès, ces travaux se sont avérés insuffisants lors des épisodes extrêmes d'inondation. Les précipitations plus abondantes et plus fréquentes dans la région, de même que des crues plus rapprochées, ne laissant pas au sol le temps de sécher, ont aussi aggravé la situation.
Puisque le problème touche les deux pays, la Commission mixte internationale (CMI), organisme canado-américain, a décidé de lui trouver une solution durable et plus perfectionnée. La première chose que la CMI a faite a été de s'adresser au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et à ses spécialistes en modélisation bidimensionnelle des crues afin de mieux saisir les caprices de la rivière Pembina.
Ne pas avoir peur de se mouiller les pieds
Sachant que des photographies aériennes ne brosseraient qu'un tableau ponctuel de la situation, le CNRC a recouru à Telemac, logiciel complexe de modélisation 2D qui reproduit le débit des cours d'eau et les phénomènes qui s'y rattachent avec un réalisme stupéfiant. Grâce à des simulations d'une grande minutie et à des données réelles, cet outil évolué s'est avéré indispensable pour décrire avec une grande précision visuelle le niveau de l'eau, le sens du courant et l'ampleur des inondations dans le bassin.
Pour reproduire en deux dimensions le bassin de la Pembina, Thierry Faure, chef du projet au CNRC, a analysé les rapports historiques et glané des données auprès des agriculteurs, des membres du gouvernement et d'autres sources, des deux côtés de la frontière. Le personnel du CNRC et de la CMI ont aussi consacré énormément de temps à s'assurer que la population sache exactement ce qu'il en était du bassin hydrographique, du modèle et de l'avancement des travaux. « Sans cette étape, le projet aurait échoué. Les intervenants devaient croire dans le modèle, se l'approprier », affirme M. Faure.
Un autre aspect crucial a été le passage de la méthode classique, unidimensionnelle, habituellement employée pour modéliser les crues à une technique de simulation 2D, nettement plus précise, produisant des données fiables sur les problèmes hydrauliques de la région.
Le relief décrypté
Après quatre années passées à étudier les moyens éventuels d'atténuer les crues, notamment l'aménagement d'autres levées et canaux, l'équipe du projet a été contrainte d'admettre que trouver une solution permanente qui satisferait chacun ne serait pas une mince affaire. Pourquoi? À cause des conditions météorologiques imprévisibles dans la région et des interactions complexes entre les précipitations, la fonte des neiges, l'absence de relief des terres agricoles et le cycle de périodes sèches et humides caractéristique des grandes plaines.
La CMI a néanmoins été impressionnée par les progrès réalisés et par la souplesse avec laquelle l'équipe s'est adaptée pour mener à bien sa mission. « Nous comptions sur la crédibilité et l'expertise du CNRC en tant que partenaire », déclare Glenn Benoy, conseiller principal en matière de qualité de l'eau et d'écosystème auprès de la division canadienne de la CMI. « La synergie entre les deux organisations nous a permis d'acquérir les capacités requises pour poursuivre des études de ce genre. »
Tout en estimant que le problème pourrait être réglé à l'échelon local par la collaboration le long de la digue, de manière à atténuer au maximum l'inondation des terres et des villes, M. Benoy est persuadé que la naissance d'un groupe de travail binational finira par déboucher sur une solution plus générale et à plus long terme aux problèmes du bassin hydrographique. Il s'ensuivra une économie de temps et de ressources, et l'on maîtrisera mieux la rivière tout en gardant les agriculteurs au sec.
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